vendredi 16 mai 2008

2,2% de croissance

Ca se réjouit au Chateau et à Bercy en ce moment, hier l'INSEE ( L’Institut national de la statistique et des études économiques) a revu entre autre ses conjectures sur le pourcentage d'augmentation du PIB français de l'année 2007, id est la fameuse Croissance.

Alors ces chiffres sont-ils truqués comme ceux du chômages ? Non pas cette fois a priori. Mais pourquoi des chiffres au mois de mai sur la croissance de 2007 ? Un début d'explication :

Lorsqu'un trimestre s'achève en France l'INSEE ne peut sortir des chiffres immédiatement, il faut attendre 42 ou 43 jours après la fin du trimestre pour une estimation précoce de la croissance du PIB.
Une semaine après cela il publit les premiers résultats, il donne une première
estimation des opérations sur biens et services (échanges extérieurs, production, consommation, formation brute de capital fixe, variations de stocks).
Enfin 3 mois après un trimestre, soit un autre trimestre, sortent les résultats détaillés, qui donnent une information complète :
opérations sur biens et services ; comptes d'agents (ménages, entreprises).*

Mais cela n'est pas tout, au fur et à mesure des publications successives, les comptes trimestriels peuvent être révisés du fait :
- des erreurs d’extrapolation des indicateurs non disponibles
- des révisions d’indicateurs bruts, en général sur le dernier trimestre mais pouvant aussi affecter les
données sur une période d’un an ;
- de révisions de corrections de variations saisonnières
- quelquefois de révisions de méthodologie.

Selon Les Echos cette révision à la hausse tient essentiellement à deux facteurs : une consommation des ménages et des investissements plus robustes qu'initialement estimés. Alors oui voilà en 2007 la croissance n'a pas été de 1,9% mais de 2,2%. Selon le journal ou la radio que vous ecouterez on entendra 2,1 ou 2,2 mais ce qui importe c'est qu'il soit entre 2 et 2,5% comme le gouvernement Fillon l'avait prévu...
C'est un peu un "ouf" je vous l'avait dit qu'on avait raison de faire toutes ces réformes, la preuve ça marche !

De plus comme nous sommes largement à plus de 42 jours de la fin du 1er trimestre, l'INSEE annonce aussi que la croissance du PIB s'élève à 0,64%, encore une bonne nouvelle pour Christine Lagarde qui tablait avec son équipe sur 0,5% ... modeste en plus ! (les analystes économiques tablait sur 0,4%).
Elle s'est donc donner à coeur joie à 8h20 ce matin sur Europe 1 ce matin d'annoncer ces chiffres positifs. On ne peut lui en vouloir, cela serait contre productif de ne pas se réjouir de cela, comme il est assez banal de voir l'opposition réagir par exemple ici dans le Fig : "Le secrétaire national du PS chargé de l'économie, Michel Sapin, a de son côté dénoncé une «fanfaronnade sidérante» du gouvernement."

0,64% pour le 1er trimestre qui laisse à croire que la croissance sera d'au moins 1,4% (on parle alors d'acquis de croissance) pour l'année 2008 alors que le gouvernement table entre 1,7 et 2% c'est plutôt réconfortant pour eux.

On peut aussi parler de la dette publique qui diminue lentement de 0,3 point à 63,9% (grâce à cette revision de croissance), la hausse de croissance n'a aucun effet sur le déficit qui reste stable à 2,7% (il était de 2,4% en 2006) et ne doit pas passer la barre des 3% fixé par Bruxelles qui estime que ce sera chose faite en 2009 (mais toujours enormément élevé et sera inchangé même si on avait 2,4% de Croissance, ce qui est très peu probable)

D'autres chiffres plutôt positifs pour 2007 : 328 000 emplois crées et plus de 320 000 entreprises créées.

Et 2008 ? 2008 risque d'être dur d'après les observations :
Inflation record (3,2 % sur un an), consommation des ménages (-1,7 %), commerce extérieur (4,75 milliards d'euros de déficit), remontée du chômage et production manufacturière (-1,5%), modération de l'activité aux États-Unis, flambée des matières premières, euro élevé, difficultés du secteur financier européen, resserrement des conditions de crédit, consommation des ménages qui accuse un sérieux coup de frein (+ 0,1 % après + 0,6 %) en raison de l'accélération de l'inflation et de la stabilité de leur pouvoir d'achat, investissements immobiliers qui stagnent...

Mais il y en a aussi de bonnes pour le 1er trimestre 2008 :
fort investissement des entreprises (+ 1,8 %, après + 1,2 % au quatrième trimestre 2007), les exportations se sont sensiblement redressées et les stocks ont cessé de peser sur la croissance, la demande intérieure totale progresse de +0,4 % (après +0,0 % au 4e trimestre 2007), signe que les fondamentaux de notre économie sont solides, pouvoir d'achat en hausse de 3,3%...

Que de chiffres dans ce post, j'en ai le tourni, mais tout propose est aujourd'hui basé sur des chiffres qui snt tous plus ou moins des conjectures, des statistiques, des probabilités, du vent quoi ! Le pouvoir d'achat à augmenter de 3,3% ? Pourquoi le panier moyen est-il de plus en plus cher alors ? Les chiffres et la réalité c'est dur. On ne peut pas prétendre que tout va bien et mieux grâce à un +3,3%, non.

Au 1er juillet 2008, la France présidera l'Union Européenne, la dernière fois était en 2000 et la prochaine en 2020. Notre omnipresident va en profiter pour proposer aux autres pays de nouvelles réformes. Reste à voir lesquelles et s'ils seront d'accord.

Aucun commentaire: